Le 16 février 2011 au matin à Kayes
Après la Caravane Paris Bamako Dakar l’aventure continue avec le reste de la délégation : Sissoko, Abas, Moussa, Marie, Métie, Dafara, Jean, - Jacques, le petit frère de Sissoko, Fodé, Diallo Mamadou, Diallo , Mireille,
Arrivée à Kayes et séparation de la caravane, notre délégation poursuit son aventure, notamment pour rencontrer des paysans, des artisans et des commerçants et aussi pour remercier les familles qui nous avaient accueillis.
L’objectif est de pouvoir rencontrer le cercle de Kayes (équivalent du conseil Régional en France).
Pour expliquer la lutte du MRTSP et de l’association DIEL (Droit Ici et Là bas)
Nous avons rencontré un producteur de kola et vu une démonstration de tri, et d’emballage fait avec des feuilles tressés à la main. La feuille de Kola doit être présente et distribuée à chaque événement : Mariage, Baptême.
Nous avons également rencontré un pharmacien qui permet d’envoyer des médicaments dans les villages de la région de Mounia.
Le soir nous sommes accueillis dans une autre maison qui a été construite par un migrant régularisé et qui est encore en travaux.
Nous avons mangé à la tombée de la nuit, de la salade, des tomates fraiches avec du riz.
Nous avons discuté jusqu’à 1h du matin pour faire un bilan de tous les évènements qui se sont déroulés et préparer déjà les futurs projets à notre retour en France.
Le 17 février 2011 à Kayes
Nous nous levons à 7h, une grosse journée nous attend : nous avons rendez-vous avec le chef du cercle régional de Kayes puis rencontrerons d’autres familles et des relais pour la création sur place d’une association DIEL, pour que les Maliens migrants de cette région, qui sont très nombreux, puissent être accompagnés pour monter un projet ou rétablir des droits perdus, lors de leur expulsion. Ou s’ils sont régularisés et qu’ils souhaitent le retour au pays, qu’ils puissent faire reconnaître leurs droits, etc.
Et elle sera en lien avec une antenne DIEL à Bamako et DIEL France.
C’est aussi le moment pour Moussa et Sissoko de faire des achats pour toutes les familles de leurs villages d’origine, achats de sacs de (farine, sucre, maïs, outils pour les jardins.)
Le 18 Février 2011
Départ pour Saladia, Dora, Monéa, Jean Jacques, Sissoko, et son petit frère, avec Moussa Dramé.
Nous partons en direction de Monea en camion avec un chargement de2 mètres de hauteur, plus les passagers migrants, hommes, femmes, enfants compris.
L’heure départ est à 22h30 ; à la sortie de Kayes fini le bitume, c’est une piste en terre.
Nous devenons des « migrants toubabs ». On nous propose de monter dans la cabine du camion mais avec Marie nous décidons de monter avec les passagers dans la benne, assis au dessus des chargements, aux coté de Sissoko.
Les passagers au début sont un peut inquiets de voir 2 blancs (Toubabs) monter à leur coté, cela ne se fait que très rarement.
Le confort est inexistant, le vent se lève, la température descend.
Nous passons le poste de Douanes, l’officier est étonné de voir 2 Toubabs en voyage, assis dans la benne du camions ; heureusement nos guides sont là pour expliquer l’objet de notre voyage. Car nous sommes dans une région certes pauvre mais où il y a les mines d’or.
La piste mène en Guinée ou au Sénégal, le ciel est splendide, la lune est claire comme un soleil, et il y a des milliers d’étoiles.
Le voyage est rude, c’est là que nous ressentons les difficultés des migrants pauvres, du parcours qu’ils pratiquent dans des conditions qui ne sont pas dignes de 2011.
La piste est remplie de trous, de bosses, de caillasses. Nous ne dépassons pas les 15/20 kilomètres à l’heure et le camions tanguent dans tous les sens. De plus il y a des camions Renault tous neufs, en convois immenses, en direction des mines avec des engins venant d’Europe, pelleteuses, tractopelles, bulldozers, puits de forage, extracteurs tous neufs.
Il faut le vivre pour le croire.
Quel sens à tous cela, alors que la route n’est même pas goudronnée, les villages n’ont pas d’eau potable et il en manque, pas d’électricité, les paysans n’ont pas les moyens de cultiver la terre, et n’ont pas les moyens d’avoir tous les outils pour le travail de leurs terres.
Pourtant la nature est flamboyante, cette région ressemble étrangement à la Drôme et l’Ardèche nous comprenons mieux maintenant pourquoi les marcheurs, lors de leur passage, l’ont comparées à chez eux.
Il n’y a que la végétation et les couleurs de la terre qui sont différentes, les falaises et les montagnes sont à l’horizon et la vitesse du vent augmente.
Nous arrivons enfin le 19 Février au matin, Il est 6h30 Nous sommes épuisés, nous sommes remplis de courbatures, nous avons faim.
Le village nous attendait depuis un moment, je laisse un peu de suspens : de mon « aventure » au village, jusqu’à mon retour en France. La suite de mon périple, par écrit, se poursuivra à mon arrivée à Valence à partir du 22 février 2011. Avec des photos.
Permettez moi de me reposer, pour reprendre mes esprits, pour profiter pleinement de cette chance que je vis et qui était un rêve de 10 ans et qui se réalise grâce à l’idée qu’ont eu les CSP et DIEL, de nous rencontrer un jour de mai 2010, lors du passage de la « Marche Paris Nice à Pied » à Valence et dans la Drôme .
En France, merci à Françoise de Valence, et Memed et à la coordination 75 pour avoir retranscrit le carnet de voyage.
Le carnet se poursuivra, dès mon retour en France. Encore merci au MRTSP.
C’est grâce à vous tous qu’un nouveau chapitre de ma vie se construit, avec vous, pour poursuivre la lutte pour la liberté de tous les peuples à circuler librement, merci à tous les Collectifs de soutien de France, aux membres de l’association DIEL, à Mireille et ses projets aux villages, Odile et Simone de la FASTI, aux Familles Maliennes, aux soutiens présents, toujours dans la solidarité (quoi qu’on en dise, elle a bien existé), à ceux qui ont participé financièrement, ou donné de leur temps.
Merci à l’Afrique pour cette force d’humanité, de solidarité, avec les moyens qui sont si faibles, toute ma gratitude. Je tiendrai ma promesse aux chefs des villages et aux familles ainsi qu’à mes nouveaux frères, de revenir les voir. Cette première rencontre ne peut pas s’arrêter là !!!!
Oui la pauvreté existe encore en 2011, alors que d’autres continuent de s’enrichir sur le dos des plus pauvres. Et les enfants, quel avenir auront-ils dans ce monde impitoyable et capitaliste qui détruit l’esprit de solidarités?
Et plus particulièrement merci à toi Sissoko et à Drame et à vos familles, aux guides qui sont mes nouveaux frères d’ici « Fodé, Momo, Anzoumane, Coulibaly », je dédicacerai ce futur carnet de voyage illustré à vos villages.
A très bientôt, ne soyez pas trop impatient, ce voyage ne peut que continuer, nous ne pouvons plus rester indifférents, nos missions nous les avons réalisées nous-mêmes, en autonomie, avec des moyens inférieurs à ceux qui étaient prévus.
Des propositions peuvent se mettre en place, des consensus pourront je l’espère être possibles et quand on le vit, nous ne pouvons plus nous désintéresser de nos frères et sœurs d’Afriques.
Jean Jacques Franclin
Soutien du MRTSP et du collectif de soutien aux sans papiers et aux sans droits du Grand Valence.
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